Le vendredi 14 octobre, L’Association canadienne de l’immobilier (ACI) a publié ses statistiques nationales sur l’habitation pour le mois de septembre. Shaun Cathcart, économiste principal à l’ACI, fait le point sur l’état des marchés de l’habitation au Canada et explique ce que les données signifient pour les membres :
Les ventes résidentielles enregistrées sur les systèmes MLS® canadiens ont reculé de 3,9 % d’août à septembre 2022. Ce changement indique une légère réaccélération du ralentissement des ventes qui a commencé avec la première hausse de taux de la Banque du Canada, en mars.
En voici les raisons : jusqu’à tout récemment, la hausse des coûts d’emprunt touchait de façon disproportionnée les détenteurs de prêts à taux fixe, car l’accès au financement était plus facile pour les acheteurs optant pour un taux variable – et ces derniers ont été nombreux.
La Banque du Canada ayant fermé cette porte avec sa hausse de taux du début septembre, il n’est pas surprenant que les ventes aient encore reculé.
Et la Banque du Canada prévoit encore d’augmenter les taux.
Les prévisions indiquaient une hausse de 50 points de base à la fin octobre. Il est maintenant question d’une hausse de 75 points de base à cette étape. Le « taux final », comme on l’appelle, c’est-à-dire le taux auquel on s’attend à ce que la Banque s’arrête, est passé de 3,5 % (il est actuellement de 3,25 %) pour le taux du financement à un jour au printemps dernier à près de 4,5 % aujourd’hui.
Non seulement de nombreuses personnes ont vu leurs versements hypothécaires augmenter de façon vertigineuse à la suite de la hausse des taux de la Banque du Canada, mais cette hausse a été si forte que nous entendons maintenant des histoires de personnes dont les prêts hypothécaires fermés à taux variable atteignent ce que l’on appelle le « seuil de déclenchement ». Dans ce scénario, la composante de remboursement du capital passe en effet à zéro, la période d’amortissement s’allonge et les versements continuent de grimper.
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De plus, les personnes qui ont contracté un prêt hypothécaire à taux fixe ne sont pas automatiquement à l’abri pour les cinq prochaines années. Un renouvellement de ces prêts a lieu tous les jours. Les personnes vigilantes s’inquiètent à juste titre. En revanche, celles moins soucieuses risquent de vivre un grand choc en consultant leur relevé bancaire.
Bien que ces tendances hypothécaires méritent dorénavant une attention particulière, à long terme, il y a lieu de rester très optimiste en ce qui concerne le logement. La population du Canada a augmenté de plus de 700 000 personnes selon les derniers résultats annuels de Statistique Canada. Plus de 500 000 personnes atteignent l’âge de 30 ans chaque année. Ces personnes doivent bien habiter quelque part.
Ainsi, compte tenu de la hausse rapide des taux, la problématique de la demande « excessive » de logements risque de se déplacer vers le marché locatif pendant un certain temps.
Et dans cette optique, nous assistons à un prolongement de la même histoire : les personnes qui sont entrées tôt sur le marché ne risquent pas de subir les effets d’une hausse rapide des taux et ne risquent pas non plus de voir la valeur de leur propriété diminuer de manière considérable par rapport au sommet atteint.
Entre-temps, les personnes qui ont acheté récemment à des prix élevés, et celles qui se trouvent sur le marché locatif risquent de vivre une situation plus difficile au cours des prochaines années.
Cette situation est déjà bien établie. La suite des événements dépendra de l’évolution de l’inflation.
En savoir plus : creastats.ca.