Les taux d’intérêt canadiens demeureront à leurs niveaux inhabituellement faibles tout au long de 2013. C’est ce que j’affirme depuis 2012, et je sens que j’ai un peu plus que raison après l’annonce effectuée par la Banque du Canada le 23 janvier 2013 au sujet de son taux directeur; elle déclarait alors que la hausse des taux d’intérêt est « moins imminente que prévu auparavant ».
La Banque du Canada reconnaît que le ralentissement de la croissance économique du Canada observé au deuxième semestre de 2012 a été plus prononcé qu’elle ne l’avait anticipé. Elle reconnaît aussi que l’inflation a fléchi plus que prévu, que le secteur de l’habitation modère la croissance économique et que l’augmentation de la dette des ménages a fortement ralenti.
Quand elle établit son taux directeur, la Banque du Canada cible le maintien de l’inflation mesurée d’après l’indice des prix à la consommation à un taux de 2 % (plus ou moins 1 %). Pour atteindre cet objectif, elle augmente son taux directeur, ce qui ralentit l’économie et écrase l’inflation (et elle diminue son taux directeur quand elle veut stimuler la croissance économique et empêcher l’inflation de descendre trop en deçà du taux cible).
Lutter contre l’inflation en élevant le taux directeur se compare à arrêter un train; il faut un bon délai pour y parvenir. Puisqu’il faut du temps pour qu’une augmentation du taux directeur se fasse sentir dans l’économie en général, la Banque du Canada doit hausser son taux directeur bien avant qu’on ne perçoive que l’inflation risque de dépasser la cible qu’elle a établie.
Au cours des deux derniers mois de 2012 et en janvier 2013, l’indice des prix à la consommation est demeuré sous 1 %, le seuil inférieur du taux visé. Dans son Rapport sur la politique monétaire de janvier, la Banque du Canada a annoncé qu’elle prévoyait que le taux d’inflation retournerait à la cible de 2 % au cours du deuxième semestre de 2014. Il s’agit là d’un important adoucissement de sa position en ce qui concerne l’inflation; dans son Rapport sur la politique monétaire précédent, publié en octobre, elle avait annoncé qu’elle prévoyait que l’inflation retournerait au taux cible à la fin de 2013, au plus tard.
La Banque du Canada s’attend encore à un renforcement de l’économie canadienne, mais ses prévisions en matière de croissance économique ont diminué pour atteindre seulement 2 % en 2013 (comparativement à celles d’octobre 2012, qui prévoyaient une hausse de 2,3 % pour l’économie canadienne en 2013). Les prévisions modifiées reflètent une croissance économique plus faible que prévu au cours du premier semestre de 2013, mais une hausse plus prononcée au cours du deuxième semestre de l’année.
Il est assez intéressant de noter que les prévisions de la Banque du Canada quant à la croissance économique (même après une révision à la baisse) demeurent plus optimistes que toutes celles du secteur privé, à l’exception d’un très petit nombre. Si la croissance économique du deuxième semestre de l’année venait à faire face à des vents plus forts que ceux qu’anticipe la Banque du Canada, cette dernière jouirait d’une marge de manœuvre pour reporter la hausse de son taux directeur encore plus loin lors de la révision de ses prévisions en avril, juillet et octobre.
Tout compte fait, on s’attend à ce que la croissance économique demeure modeste, mais positive, et assortie de faibles taux d’inflation. Puisque les taux d’intérêt américains sont gelés jusqu’en 2015 et que la Banque du Canada a maintenant signalé qu’elle est moins pressée d’augmenter son taux directeur que prévu auparavant, tout laisse présager que les taux d’intérêt demeureront exactement les mêmes jusqu’à l’année prochaine.