L’immobilier a connu des hauts et des bas depuis le début de la pandémie en 2020, avec les confinements qui ont poussé les propriétaires à réévaluer leurs espaces pour le travail à domicile et la flambée des prix qui a évincé du marché de nombreux premiers acheteurs, mais encouragé les propriétaires-vendeurs. Aujourd’hui, avec la hausse des taux d’intérêt, l’inflation et le retour au bureau, les courtiers et agents immobiliers observent de nouveaux changements sur le marché immobilier dans tout le pays en ce début de 2023.
Cohabitation multigénérationnelle
L’une des tendances observées par les courtiers et agents immobiliers est l’augmentation de la cohabitation multigénérationnelle, une tendance qui devrait se poursuivre.
Pour Katherine Minovski, agente immobilière et dirigeante d’agence à Unionville, en Ontario, l’économie des coûts est la principale raison pour laquelle différentes générations vivent sous le même toit. En cette période d’instabilité économique, il est avantageux qu’un plus grand nombre de personnes contribuent à l’hypothèque et partagent les coûts de la vie, dit-elle.
Une autre raison est la présence de la famille pour le soutien, qu’il s’agisse de la garde des enfants ou de parents âgés ayant des problèmes de santé. Les ménages multigénérationnels peuvent également offrir aux nouveaux immigrants un soutien culturel, social et économique pendant qu’ils s’établissent dans un nouveau pays.
« Je vois des familles qui veulent des maisons plus grandes, mais qui n’en ont pas les moyens, alors les familles élargies mettent leur argent en commun, affirme Mme Minovski. Souvent, un baby-boomer avec des enfants cherchera une propriété avec un sous-sol à accès direct ou un appartement séparé. J’ai vu des acheteurs qui cherchaient un terrain pour construire une maison multigénérationnelle. Comme les terrains peuvent être dispendieux, d’autres préfèrent faire des rénovations. »
Selon le recensement de 2021, il y a 442 000 foyers multigénérationnels au Canada (2,9 % de tous les foyers), soit une augmentation de 50 % depuis 2001. La population vieillit et l’espérance de vie augmente, ce qui signifie que davantage de personnes ont des parents encore vivants. En 2021, près d’un Canadien sur cinq avait 65 ans ou plus (19 % de la population), soit une augmentation de 13 % par rapport à 2001.
En déplacement
Parmi les autres tendances que remarquent les courtiers et agents immobiliers, citons les endroits où les gens gravitent et les types de propriétés qu’ils recherchent.
« Je constate que les acheteurs recherchent davantage des maisons en rangée, des propriétés plus abordables », affirme Sasha Raimova, agente et associée à Calgary, en Alberta.
La tendance à quitter la ville pour s’installer en banlieue ou dans des résidences secondaires s’est inversée, selon Karen Yolevski, chef de l’exploitation de Royal LePage Corporate Brokerage.
« Pendant la pandémie, nous avons vu des gens partir vers les banlieues et encore plus loin, vers la campagne, mais… les gens reviennent, dit-elle, ce qui est dû à la réaction des entreprises. De nombreuses entreprises qui sont passées au virtuel sont maintenant à introduire la formule hybride ou, dans certains cas, à exiger le retour au bureau à temps plein. Ainsi, pour les employés qui se rendent au bureau, même pour deux ou trois jours, cela crée une situation où ils doivent affronter davantage de trafic, payer l’essence dont le prix a augmenté… Les gens réévaluent leur retour à la ville, ce que nous avons constaté en particulier dans nos grands centres urbains; ils doivent faire le choix entre vivre dans une maison plus grande à la campagne avec beaucoup d’espaces verts, mais passer plus de temps dans la circulation, à faire la navette, et être plus loin du travail et des commodités. »
Alors que s’estompe la frénésie du marché de vendeurs que nous avons connu ces derniers temps, les acheteurs misent davantage sur le marché actuel pour faire une bonne affaire. Ce qu’ils recherchent se divise en deux catégories, selon Mme Yolevski : une propriété à moindre coût qui a besoin de rénovations, que les acheteurs considèrent comme un moyen d’augmenter la valeur de la propriété, et les propriétés clés en main, pour ceux qui sont conscients des coûts plus élevés de la main-d’œuvre et des matériaux.
Clés en main
Dans l’Est, les acheteurs préfèrent les propriétés livrées clés en main, affirme Jacqui Rostek Holder, agente immobilière à Halifax, en Nouvelle-Écosse.
« Je vois des acheteurs qui cherchent encore une propriété plus grande, souvent ceux qui n’ont pas pu le faire pendant la frénésie du marché de la pandémie, affirme-t-elle. Leur liste de souhaits inclut souvent un espace pour un bureau à domicile. En raison de l’augmentation des coûts, je vois aussi des gens qui cherchent des propriétés multigénérationnelles ainsi que des propriétés qui peuvent accueillir un locataire ou un pensionnaire, ou permettant de faire rester leurs enfants plus longtemps à la maison. »
« Je trouve personnellement que l’espace extérieur est un désir très individuel. Certaines personnes sont tellement occupées que leur style de vie ne leur permet pas d’être dans leur cour; une grande cour devient donc une corvée. Toutes gammes de prix et styles confondus, ce sont les rénovations et les améliorations cosmétiques qui sont le plus appréciées et valorisées. C’est là que je vois le plus de concurrence. »
Alexandru Bejinariu, agent et dirigeant d’agence à Toronto, voit également un intérêt pour les propriétés rénovées.
« Nous constatons que les acheteurs apprécient les propriétés rénovées et recherchent des propriétés ayant une unité au sous-sol à louer pouvant fournir un revenu supplémentaire, dit-il. L’accès à la ruelle est souhaitable à cette fin, car certains lots supportent une structure secondaire à des fins de revenu. Les acheteurs sont en excellente position pour négocier et nous constatons qu’ils apprécient également une réduction du prix lors de l’achat. Ils sont susceptibles de faire des compromis sur certaines caractéristiques indispensables pour obtenir un bon prix d’achat. »
Prévisions 2023
Dans ses prévisions finales pour 2022-2023, l’équipe d’économistes de l’ACI a affirmé que les ventes résidentielles nationales devraient reculer d’encore 2,3 %, pour atteindre environ 520 156 unités en 2023. Le prix moyen d’une propriété à l’échelle nationale devrait demeurer stable dans la plupart des régions (+0,2 %) en 2023, pour atteindre 722 000 $.
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