Le mardi 15 février, L’Association canadienne de l’immeuble (ACI) a publié ses statistiques nationales sur l’habitation pour le mois de janvier 2022. Shaun Cathcart, économiste principal de l’ACI, fait le point sur l’état actuel des marchés de l’habitation au Canada et explique ce que les données signifient pour les membres.
Le marché de l’habitation évolue au rythme des saisons. Au moment d’écrire ces lignes, nous sommes au cœur de l’hiver. C’est la saison morte, une période généralement pauvre en inscriptions – et donc en ventes, même si tout ce qui est inscrit finit par se vendre. C’est peut-être pour cela que l’immobilier attire moins les regards entre la rentrée scolaire et le début du printemps.
Au cours des deux dernières années, j’ai vu de nombreux analystes du marché immobilier s’étonner en mars du fait que le marché avait évolué pendant les six mois où ils avaient le dos tourné.
Préparez-vous : en 2022, l’immobilier risque de faire la une comme jamais auparavant. Voici un résumé des faits saillants pour ceux qui n’ont pas suivi le marché depuis quelques mois.
Le marché du printemps de 2021 a battu tous les records : des sommets pour les ventes, le ratio des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions et la hausse des prix, et des creux historiques pour l’offre et le nombre de mois d’inventaire. Que nous réserve 2022? Allons voir les chiffres.
Au 1er février 2021, le nombre désaisonnalisé de propriétés inscrites dans le système MLS® frôlait les 125 000 – soit la moitié de ce qu’il était en 2014 et en 2015. C’était un autre record : après six années de déclin, il était officiellement tombé, pour la première fois, sous la marque établie à l’automne 2002, près de 20 ans auparavant. Cette année à la même date, on dénombrait 87 000 inscriptions, soit 30 % de moins que l’an dernier.
Et qu’en est-il de l’inventaire? Au début du marché du printemps de 2021, il y en avait environ deux mois et demi – un creux record à l’époque. À titre comparatif, lors du dernier marché favorable aux propriétaires-vendeurs, au début des années 2000, l’inventaire n’a jamais vraiment chuté en deçà de quatre mois. Au 1er janvier et au 1er février 2022, l’inventaire se chiffrait à 1,6 mois à peine. C’est près d’un mois de moins que l’an dernier.
Le marché du printemps de 2021 s’est démarqué par une hausse soudaine d’inscriptions en février et en mars, qui s’est rapidement traduite par une explosion des ventes. On espère que le phénomène se reproduira cette année, mais l’an dernier, la féroce compétition a aussi entraîné la plus forte croissance des prix jamais enregistrée à ce moment-là. L’Indice des prix des propriétés MLS® (IPP MLS®) global et composé (désaisonnalisé) a augmenté de près de 20 000 $ (2,8 %) de janvier à février 2021 seulement… et du même montant de février à mars. Ce sont là des gains significatifs.
Mais si vous n’avez pas suivi le marché de près depuis l’Halloween, vous n’êtes peut-être pas au courant qu’après avoir soufflé un peu cet été, l’accélération des prix a repris de plus belle. À l’échelle nationale, les prix ont augmenté de 20 000 $ en octobre, de 22 000 $ en novembre, de 21 000 $ en décembre, puis de près de 24 000 $ en janvier. À noter que ces chiffres sont cumulatifs : le prix de référence national a donc gagné 28 % (183 000 $) au cours de la dernière année, et près de la moitié de ces gains proviennent des quatre derniers mois! Il se pourrait bien que lorsque les conversations sur l’immobilier reprendront dans environ un mois, le prix de référence national ait déjà augmenté de plus de 100 000 $ par rapport à l’automne – et d’environ 200 000 $ par rapport au printemps dernier.
Et tout ça, avant la crue du marché du printemps. La solution à long terme est de bâtir plus d’habitations, mais cela ne soulagera pas la pression à court terme.
Cela dit, cette année, il faudra surveiller le retour des propriétaires-vendeurs potentiels qui ont préféré se tenir loin de la mêlée ces deux dernières années. Il y a là une offre refoulée qui ne suffira probablement pas à freiner la croissance des prix, mais qui pourrait bien aider une partie de la population à pouvoir enfin déménager, ce qui libérerait un segment de marché pour les acheteurs d’une première propriété. Mais là encore, il ne faut pas s’attendre à ce que les prix deviennent plus abordables.
Pour en savoir plus : creastats.ca.