Portrait de l’immobilier commercial: Deuxième trimestre de 2024

Chaque trimestre, L’Association canadienne de l’immobilier (ACI) publie un résumé des indicateurs économiques clés pour l’immobilier commercial au Canada. L’équipe d’économistes de l’ACI analyse régulièrement les mises en chantier, le nombre de permis de construction de bâtiments non résidentiels, le produit intérieur brut (PIB) et le marché du travail comme indicateurs du marché de l’immobilier commercial. Pour des informations sur le marché de l’immobilier résidentiel, consultez le Centre de statistiques de l’ACI.


En examinant les données sur l’immobilier commercial pour le deuxième trimestre de 2024, L’Association canadienne de l’immobilier (ACI) constate toujours des indices d’un ralentissement du marché immobilier commercial partout au pays : une baisse du nombre de permis de construction de bâtiments non résidentiels délivrés, des défis quant à la construction de nouveaux logements et un assouplissement du marché du travail.

En particulier, la valeur des permis de construction de bâtiments non résidentiels délivrés a diminué de plus de 5 % par rapport au deuxième trimestre de 2023.

Bien que les mises en chantier aient connu une hausse comparativement à la même période l’an dernier, elles sont encore bien en dessous des niveaux observés en 2021 et 2022. Le secteur de l’habitation est confronté à de nombreux défis, comme les taux d’intérêt élevés, le coût élevé des matériaux et de la main-d’œuvre, la valeur élevée des terrains et les obstacles liés aux permis et à la réglementation.

Le marché du travail continue de montrer des signes d’affaiblissement. Au Canada, il y a plus de personnes qui entrent sur le marché du travail que de personnes qui obtiennent un emploi, et de nombreux jeunes Canadiens et nouveaux arrivants éprouvent des difficultés à trouver un emploi. Certaines entreprises cherchent à réduire leurs effectifs dans un contexte de ralentissement des ventes et d’affaiblissement de l’économie.

Pour le marché de l’immobilier commercial, l’année 2024 demeure difficile, car les coûts d’emprunt et de construction restent élevés et les transactions se maintiennent à des niveaux inférieurs à la moyenne. Si les taux d’intérêt continuent de baisser au cours de la deuxième moitié de 2024, l’activité sur le marché pourrait se redresser à l’approche de 2025.

Voici une analyse plus approfondie de certaines données que l’ACI surveille sur le marché immobilier commercial.

Permis de construction de bâtiments non résidentiels

Source: Statistique Canada

  • D’avril à juin 2024, des permis de construction de bâtiments non résidentiels d’une valeur de près de 12,42 milliards de dollars ont été délivrés. Il s’agit d’une baisse de plus de 5 % comparativement à la même période de trois mois l’an dernier, et de plus de 5,6 % par rapport aux trois mois précédents. Des baisses plus importantes ont été observées dans les sous-secteurs industriel et commercial.
  • Les retards pluriannuels causés par la réglementation, la hausse des coûts de construction et la pénurie de maind’œuvre qualifiée continuent de compliquer l’investissement dans les bâtiments non résidentiels au Canada.
  • La Banque du Canada a également noté que les plans de dépenses d’investissement restent inférieurs à la moyenne en raison de la faiblesse de la demande, des taux d’intérêt élevés
    et de l’incertitude entourant l’environnement commercial.
  • L’affaiblissement de l’économie canadienne pourrait continuer à freiner la demande de nouveaux espaces industriels et commerciaux en 2024, les grands projets institutionnels et gouvernementaux devant compenser une partie de la pénurie observée dans le secteur privé.

Dynamique du marché du travail

Source: Statistique Canada

  • Le taux de chômage national au Canada s’est établi à 6,4 % en juillet 2024 et se rapproche des niveaux observés au début de 2022, soulignant l’affaiblissement du marché du travail dans un contexte de ralentissement économique.
  • Des niveaux presque records de croissance démographique au Canada continuent d’influencer le marché du travail, le nombre d’emplois progressant plus lentement que la population active au cours des derniers mois et les demandeurs d’emploi mettant plus de temps à trouver du travail. Les jeunes Canadiens et les nouveaux arrivants au Canada éprouvent le plus de difficultés à trouver un emploi.
  • Selon l’Enquête sur les perspectives des entreprises – Deuxième trimestre de 2024 de la Banque du Canada, la proportion d’entreprises ayant signalé des pénuries de main-d’œuvre avoisine les creux historiques de l’enquête, et les entreprises sont peu nombreuses à vouloir réduire leurs effectifs. Les augmentations salariales attendues pour la prochaine année ont également fortement diminué.
  • Le refroidissement du marché du travail pourrait encore freiner la consommation et la croissance économique au pays.
  • Un rapport du Conference Board du Canada, produit en collaboration avec l’ACI, l’Ontario Real Estate Association (OREA) et la British Columbia Real Estate Association (BCREA), souligne que le Canada doit pourvoir 12 000 postes vacants de travailleurs qualifiés par année au cours des 10 prochaines années dans le secteur de la construction résidentielle afin de répondre aux
    besoins du pays en matière de logement, et que des sources non traditionnelles de main-d’œuvre de construction joueront un rôle crucial pour pourvoir ces postes vacants.

Mises en chantier*

Source: SCHL

  • Au Canada, les mises en chantier ont augmenté d’environ 7 % de janvier à juillet 2024 comparativement à la même période l’an dernier, mais sont toujours en deçà des niveaux observés en 2021 et 2022.
  • Les contraintes qui pèsent sur la construction d’habitations neuves, telles que la disponibilité des terrains, les restrictions réglementaires et de zonage, et le manque de main-d’œuvre qualifiée dans l’ensemble du pays, continuent de compliquer la tâche des constructeurs d’habitations qui souhaitent augmenter le nombre de constructions à un rythme rapide. Les retards de livraison des permis et l’augmentation des coûts d’emprunt et de construction continuent d’avoir un impact sur le coût des propriétés, ce qui se traduit par des habitations neuves plus coûteuses.
  • Un rapport de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) met en évidence l’impact des frais et des permis gouvernementaux sur l’offre, qui se traduit souvent par des frais susceptibles d’augmenter le coût de la construction d’habitations neuves de 24 % dans certains marchés.

*Les mises en chantier sont un indicateur économique du nombre de projets résidentiels qui ont été initiés au cours d’une période donnée.

Croissance du produit intérieur brut (PIB)

Source: Statistique Canada

  • Dans son Rapport sur la politique monétaire de juillet 2024, la Banque du Canada a noté que le PIB s’est redressé au cours des derniers mois, mais reste faible par rapport à la croissance démographique. L’économie canadienne devrait rebondir dans la deuxième moitié de 2024. La croissance économique devrait encore se renforcer en 2025, à mesure que les coûts d’emprunt diminueront.
  • Le PIB par habitant s’est resserré pour le quatrième trimestre consécutif, la croissance économique ajustée en fonction de l’inflation n’ayant pas suivi le rythme de la croissance démographique. Le PIB réel par habitant devrait continuer de baisser dans un proche avenir. La haute direction de la Banque du Canada a décrit cette situation comme une urgence nationale.
  • L’inflation mesurée par l’indice des prix à la consommation (IPC) continue de se rapprocher de son objectif de 2 % et n’est plus aussi généralisée qu’elle l’était au cours des derniers mois. Malgré la baisse de l’IPC, les prix des activités liées aux services (tels que la restauration et les soins personnels) continuent de soutenir l’inflation globale. Les déséquilibres du marché de l’habitation et les coûts de la main-d’œuvre devraient continuer à exercer une pression à la hausse sur l’inflation des prix des services.
  • En s’adaptant à la hausse des coûts d’emprunt et du coût de la vie, les ménages consacrent une part plus importante de leur revenu au service de la dette et dépensent moins pour des dépenses discrétionnaires telles que les biens de consommation, les sorties au restaurant et les voyages. Puisque la Banque du Canada a procédé à deux baisses consécutives des taux et que l’on prévoit que les taux baisseront lors de chaque annonce du taux directeur jusqu’à la
    fin de l’année, les coûts d’emprunt pourraient diminuer pour certains ménages d’ici 2025, ce qui pourrait entraîner une nouvelle augmentation des dépenses.

Ryan Biln est économiste à l’ACI. Il fournit des renseignements sur le marché de l’habitation aux chambres, associations, membres et intervenants du secteur immobilier. Ryan est né et a grandi en Colombie-Britannique. Il aime le plein air, les activités physiques et les bons moments avec sa famille et ses amis.


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