Le jeudi 15 décembre, L’Association canadienne de l’immobilier (ACI) a publié ses statistiques nationales sur l’habitation pour le mois de novembre. Shaun Cathcart, économiste principal à l’ACI, fait le point sur l’état des marchés de l’habitation au Canada et explique ce que les données signifient pour les membres.
Tout comme un seul musicien ne forme pas un orchestre, un seul mois de données ne crée pas une tendance. En fait, il semble que la légère augmentation observée en octobre a été en quelque sorte un leurre, car l’activité a recommencé à baisser en novembre.
En novembre, les ventes résidentielles ont baissé de 3,3 % d’un mois à l’autre, et reprennent la tendance modératrice qui s’est amorcée en février dernier.
L’Indice des prix des propriétés MLS® (IPP MLS®) global et composé a baissé de 1,4 % d’un mois à l’autre en novembre, poursuivant la tendance installée depuis le printemps, tout comme la baisse des ventes.
Alors que les prix ont diminué sensiblement partout, on a noté une baisse plus marquée en Ontario et dans certaines régions de la Colombie-Britannique. Les marchés de Calgary, Regina et Saskatoon se démarquent avec des prix près des sommets enregistrés.
La Banque du Canada ayant relevé ses taux de 50 points de base supplémentaires au début de décembre, je ne m’attends pas à ce que la situation change de manière significative bientôt. Cela dit, il convient de souligner que ces hausses de taux sont probablement presque terminées à ce stade-ci.
Cela pourrait inciter certains emprunteurs à taux variable à passer à l’action une fois qu’on aura la certitude que les taux d’intérêt auront atteint un sommet, et que nous ne reviendrons pas aux taux des années 1970 et 1980. Cette prise de conscience collective pourrait également survenir au moment même où le marché connaîtra une explosion de nouvelles inscriptions prisées au printemps.
Mais pour ce qui est du retour à la « normale », la question la plus importante pour les marchés de l’habitation n’est pas tant de savoir où se situera le taux maximal ou le « taux final », combien de temps il y restera ou quand les taux commenceront à redescendre. Il s’agit plutôt de savoir quand les taux reviendront à des niveaux plus bas. Mais la plupart des autres facteurs fondamentaux de la reprise du marché sont toujours nécessaires.
La Banque ne se prononce pas sur la trajectoire des taux d’intérêt, mais elle tient des prévisions d’inflation, et c’est l’inflation qui guide ses décisions en matière de taux d’intérêt. Elle prévoit actuellement que l’inflation reviendra à environ 3 % (d’une année à l’autre) d’ici la fin de 2023, et atteindra la cible de 2 % d’ici la fin de 2024.
Cela dit, la Banque n’aura pas besoin d’avoir le pied bien enfoncé sur le frein d’ici là. Une fois l’inflation revenue au taux cible, la Banque voudra que son taux de référence revienne dans la « fourchette neutre » de 2 à 3 %, soit à peu près à mi-chemin entre les creux observés lors de la COVID-19 et ceux établis pour lutter contre l’inflation que nous connaissons aujourd’hui.
Tout cela pour dire que nous pourrions facilement voir des baisses de taux en 2023. Comme je l’ai dit plus haut, une éventuelle baisse des taux pourrait également inciter de nombreux emprunteurs à taux variable à revenir sur le marché.
Mais pour plusieurs premiers acheteurs, être soumis à la simulation de crise les obligera à attendre, non seulement que les taux aient commencé à baisser, mais qu’ils aient baissé de beaucoup. Il est plus probable que cela se produise en 2024 qu’en 2023.
En savoir plus : creastats.ca.