La plupart d’entre vous savent que les taux d’intérêt au Canada ont récemment baissé pour la première fois en plus de quatre ans. Comment le marché de l’habitation a-t-il réagi?
Il est peut-être trop tôt pour le savoir, mais il est difficile d’ignorer certains signes indiquant que l’activité est sur le point de reprendre.
Premièrement, les données de mai de L’Association canadienne de l’immobilier (ACI) :
- les ventes résidentielles au Canada ont diminué de 0,6 % en mai par rapport à avril;
- en mai, les nouvelles inscriptions étaient en hausse de 0,5 % par rapport à avril;
- de façon générale, les prix se stabilisent dans l’ensemble du pays (l’Indice des prix des propriétés MLS® [IPP MLS®] a reculé de 0,2 % en mai comparativement à avril).
Pourquoi les données sur le logement sont-elles stables?
L’économiste principal de l’ACI, Shaun Cathcart, a dit qu’il s’agissait d’un « mois tranquille pour le marché de l’habitation au Canada, peut-être l’un des moins intéressants des dernières années ».
Mais cela ne durera probablement pas. Les données de mai sur l’habitation pourraient aussi bien être de l’« histoire ancienne », fait remarquer M. Cathcart, car elles ne comprennent pas l’activité immobilière à la suite de l’annonce de la baisse des taux de la Banque du Canada le 5 juin.
Il a déclaré que juin sera probablement différent, car les Canadiens commencent à reprendre confiance que les taux d’intérêt sont stables ou en baisse, un signe que de nombreux acheteurs potentiels attendaient patiemment.
Certains acheteurs se lanceront donc sur le marché en juin et au cours des prochains mois, alors que d’autres continueront d’attendre d’autres baisses.
M. Cathcart nous met toutefois en garde.
« Quel que soit le calendrier (des baisses de taux), le fait est que nous ne reviendrons pas aux taux d’intérêt de 2021. Selon les prévisions actuelles, les taux ne baisseront même pas de moitié. »
Nouvelles inscriptions en hausse
S’il y a plus d’acheteurs, il faut qu’il y ait plus d’inscriptions pour aider à maintenir l’équilibre du marché. C’est ce qui semble se produire, car il y a actuellement 175 000 propriétés inscrites à la vente dans les systèmes MLS® canadiens, une hausse de 24,8 % par rapport à l’année précédente.
D’un mois à l’autre, le taux de croissance des nouvelles inscriptions en mai n’était que de 0,5 % par rapport à avril, ce qui reste bien en deçà des moyennes historiques. Les ventes ayant légèrement baissé et le nombre de nouvelles inscriptions ayant légèrement augmenté en mai, le ratio des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions a fléchi pour s’établir à 52,6 %, par rapport à 53,3 % en avril. Notons que la moyenne à long terme de ce ratio est de 55 %. On parle normalement d’un marché de l’habitation équilibré lorsque le ratio des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions se situe entre 45 et 65 %.
« Cette première baisse des taux devrait ramener une certaine demande refoulée sur le marché, et les acheteurs constateront qu’il y a plus de propriétés parmi lesquelles choisir en ce moment qu’à tout autre moment en près de cinq ans », a déclaré le président de l’ACI, James Mabey, aussi agent immobilier dans la région d’Edmonton.
Prix en baisse par rapport à 2023
En ce qui concerne les prix, le prix moyen réel (non désaisonnalisé) des propriétés vendues au pays en mai était de 699 117 $, en baisse de 4 % par rapport à la même période l’an dernier.
Si l’on examine les tendances, les prix semblent se stabiliser à l’échelle du Canada, tandis que des régions comme Calgary, Edmonton et Saskatoon affichent des tendances à la hausse.
La Banque du Canada tient la clé
Selon M. Cathcart, personne ne sait vraiment comment tout le cycle d’assouplissement des taux d’intérêt se déroulera, et qu’il faudra prêter attention à l’évolution de l’économie américaine. Si le Canada s’éloigne trop des États-Unis, cela pourrait entraîner une nouvelle hausse de l’inflation.
« Plus récemment, les États-Unis ont présenté des données très encourageantes sur l’inflation, ce qui signifie qu’ils ont peut-être effectué des baisses plus tôt, et qu’il y a moins de divergence », a-t-il dit, ajoutant qu’il est fort probable qu’une autre baisse des taux d’intérêt sera annoncée en juillet.
M. Cathcart a indiqué que la Banque du Canada surveille également le nombre de prêts hypothécaires à taux fixe de cinq ans qui ont été bloqués à des taux inférieurs à 2 % et qui devront être renouvelés dès l’été 2025.