L’effet de variation du nombre de jours ouvrables

Depuis l’automne dernier, la couverture médiatique des ventes résidentielles au Canada reconnaît les différences entre le nombre de jours des semaines et des fins de semaine dans un mois en cours par rapport au même mois l’année précédente. En statistiques, c’est ce que l’on appelle l’effet de variation du nombre de jours ouvrables.

Bien que son impact varie selon le marché local, une analyse de près de quatre millions de dossiers relatifs aux ventes résidentielles globales réalisées au Canada depuis 2000 démontre que près de 18 p. 100 des ventes tombent sur chacun des jours de la semaine (du lundi au vendredi). En comparaison, on note environ 7 p. 100 des ventes le samedi seulement et à peine 5 p. 100 le dimanche.

Étant donné que tous les mois, à l’exception de février, comptent 30 ou 31 jours, on remarque que deux ou trois jours de la semaine se répètent cinq fois durant le mois plutôt que quatre. Ces journées varieront d’une année à l’autre, et cela peut avoir d’importantes répercussions.

Prenons l’exemple d’un marché de l’habitation local hypothétique et comparons les ventes en septembre 2012 par rapport à septembre 2011. Supposons que la demande est inchangée et qu’on calcule 100 ventes chaque semaine au cours de chacune des deux années. Si l’on se fie à notre analyse ci-dessus, on aurait dû rapporter environ 40 ventes les samedis et 28 les dimanches pour chacune des deux années. Toutes choses étant égales, il conviendrait de dire que l’activité en septembre 2012 était identique à celle du même mois en 2011 puisque la demande sous-jacente dans notre exemple est exactement la même.

Cependant, septembre 2011 a commencé un jeudi. En comptant 30 jours dans le mois, cela signifie qu’il y avait cinq jeudis et cinq vendredis, et quatre jours de chacun des autres jours de la semaine. Septembre 2012 a commencé un samedi; il y avait donc cinq fins de semaine complètes. Quoiqu’il n’y ait pas eu de baisse de la demande, l’inclusion de ces deux jours de fin de semaine supplémentaires moins achalandés a entraîné une baisse de 5,3 p. 100 d’une année à l’autre des données sur les ventes de septembre 2012.

À l’échelle nationale, les ventes réelles en septembre 2012 étaient 15 p. 100 inférieures à celles du même mois un an plus tôt. Tout semblait indiquer une détérioration par rapport à la baisse de 9 p. 100 enregistrée en août. Cependant, en tenant compte du fait que les données d’août étaient déformées à la hausse et les données de septembre à la baisse, il s’agissait en fait, et jusqu’au moment de la rédaction de cet article, de l’amélioration la plus importante d’un mois à l’autre que nous avons vue depuis que le gouvernement fédéral a resserré les règlements hypothécaires l’été dernier, pour la quatrième fois.

Allez expliquer cela aux médias dont les reportages les plus rentables au cours des dernières années se résument aux mauvaises nouvelles sur le logement et la dette des ménages. Par chance, parce que l’effet de variation du nombre de jours ouvrables en septembre était plus important qu’en temps normal, il a reçu une mention spéciale de la part de bon nombre d’économistes. C’est ainsi qu’on en a entendu parler pour la première fois dans les médias et que l’on continue d’en entendre parler depuis.

Comme l’a souligné l’économiste en chef à l’ACI dans un récent blogue, l’effet de variation du nombre de jours ouvrables est l’un des facteurs dont on tient compte par le biais de la désaisonnalisation (l’effet saisonnier et l’effet du congé de Pâques étant les autres facteurs). La désaisonnalisation met les données d’un mois quelconque sur un pied d’égalité avec les données de tous les autres mois en supprimant ces effets, ce que, comme nous l’avons vu, pas même les comparaisons de données brutes d’une année à l’autre pour un mois particulier ne parviennent à faire.

Directeur et économiste principal, Données sur l’habitation et analyse du marché, Shaun Cathcart fournit des renseignements sur le marché de l’habitation aux chambres, associations, membres et intervenants de l’immobilier. Il passe la majeure partie de son temps à analyser les tendances du marché canadien de l’habitation et à écrire sur le sujet. Dans ses temps libres, on peut le voir à bicyclette, au terrain de volleyball ou heureux de passer du temps avec sa famille.


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