La nouvelle taxe de la Colombie-Britannique saura-t-elle effrayer les investisseurs étrangers?

L’auteure a publié un article semblable dans l’édition de décembre 2016 du Western Investor.

En juillet 2016, le gouvernement de la Colombie-Britannique a imposé une taxe de 15 % aux ressortissants étrangers qui font des achats immobiliers dans la province. Ce geste soudain a pour but de ralentir les entrées soutenues d’argent provenant de l’étranger qui seraient à l’origine de la surchauffe du marché immobilier de Vancouver.

Certains ont fait l’hypothèse que la première ministre Christy Clark, qui devra à nouveau faire face à l’électorat cette année, a pris cette mesure afin de réduire le ton du concert grandissant de critiques concernant l’« inaction » de son gouvernement en matière de ce que plusieurs qualifient de marché survolté. La taxe semble avoir donné les résultats escomptés. À preuve, le volume de transactions a battu en retraite de façon marquée depuis l’été de 2015, et ce, même si les prix restent relativement stables, à l’exception d’un léger recul au cours des derniers mois.

Vancouver a été – et reste – ce que l’on appelle communément dans la profession immobilière une « ville super prisée ». Nous sommes en bonne compagnie, puisque cette catégorie englobe des villes telles que Tokyo, Shanghai, Hong Kong, Singapour, Londres, Paris, Monaco, San Francisco, New York et Los Angeles. Ces villes attirent des personnes à valeur nette élevée qui désirent élire domicile à un endroit où ils pourront avoir la certitude que leurs investissements sont sûrs.

Suis-je d’avis qu’une taxe de 15% refroidira l’ardeur des investisseurs asiatiques, notamment les Chinois, dans la région métropolitaine de Vancouver? Absolument pas.

Qui plus est, une telle taxe n’aura pas pour effet d’étancher la soif des Asiatiques d’investir dans une tête de pont à l’étranger. Point à la ligne! Une telle taxe a déjà été instaurée à Hong Kong et en Australie et elle n’a pas eu pour effet de réduire la cadence des investissements étrangers que font les Chinois. La devise chinoise, le renminbi, poursuit sa dévaluation, ce qui attise les craintes d’une « bulle » en Chine. Les Chinois cherchent donc des moyens de conserver et de protéger leur patrimoine, une autre raison qui explique que les valeurs refuges sûres à l’étranger seront marquées par une demande musclée pendant de nombreuses années encore.

La force d’attraction qu’exerce Vancouver auprès des Chinois ne s’estompera pas de sitôt non plus.

  1. Vancouver compte une communauté chinoise et asiatique bien établie qui ne cesse de croître. Selon la Fondation Asie Pacifique, Vancouver deviendra, au cours des 20 prochaines années, la ville comptant la plus grande communauté chinoise à l’extérieur de la Chine.
  2. Vancouver est, à bien des égards, un microcosme du Canada. Peu importe votre origine, vous pouvez y trouver un coin de pays – une communauté – qui offre cette étreinte chaleureuse et ce sentiment d’appartenance au Canada. Il s’agit là d’une réalité très intéressante qu’offre la région métropolitaine de Vancouver à de nombreux Asiatiques. Voilà pourquoi la nouvelle s’est répandue.
  3. On compte 140 vols directs entre l’Asie et le Canada. Les hommes et femmes politiques ainsi que les gens d’affaires consacrent beaucoup de temps à la promotion des avantages d’investir au Canada auprès des Asiatiques. Personne ne devrait donc s’étonner de constater que les Asiatiques connaissent si bien notre marché!
  4. Les Asiatiques désirent s’enraciner (ce qui veut dire acheter une propriété). Les gens oublient parfois que les Asiatiques cherchent à investir à l’étranger pour des raisons autres qu’un joli rendement financier. L’air pur, l’eau potable, des rues sécuritaires et la stabilité politique figurent en tête de liste des atouts.

On croit généralement que le prix des maisons à Vancouver a atteint des sommets stratosphériques en raison des Chinois riches, alors qu’en fait, la croissance soutenue est alimentée par la classe moyenne chinoise. Il s’agit d’un segment relativement nouveau de la population dans lequel on retrouve des titulaires d’un diplôme d’études collégiales qui occupent principalement des postes de col blanc spécialisés et bien rémunérés. Ce sont des gens économes, et non des dépensiers. Ce sont des acheteurs, et non des locataires. De plus, selon certaines estimations, leur population se chiffrerait à plus de 500 millions et ne cesserait de croître.

Que Christy Clark conserve ou non le pouvoir ce printemps ou qu’un recours collectif concernant cette nouvelle taxe ait gain de cause, le désir des Chinois et des autres Asiatiques de vivre et d’investir à Vancouver restera. Ce désir est par ailleurs animé par un profond respect pour notre pays et pour tout ce qu’il a à offrir. Cela devrait être une source de fierté et de force – et non d’anxiété et d’appréhension – pour tous les Canadiens.

Tina Mak, une agente immobilière chez Coldwell Banker Westburn Realty, a émigré de Hong Kong en 1991 et a eu le coup de foudre pour la côte ouest du Canada. Tina est présidente fondatrice du Asian Real Estate Association of America (AREAA) et présidente du International Committee 2015 de l'AREAA, section de Vancouver, ainsi que du comité international de l'ACI. Elle est conférencière, auteure et animatrice à la radio, et Inman News l’a reconnue parmi les 100 dirigeants de l’immobilier les plus influents en 2012 et 2013. Parmi ses nombreux talents, Tina parle également le cantonais, le mandarin et l'anglais.


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