Note de la rédaction : Ce billet a été initialement publié le 20 juin 2020.
Le Mois de la Fierté (juin) sera légèrement différent en regard des années précédentes. Il n’y aura ni défilés ni spectacles ni grands rassemblements — sauf, bien sûr, s’ils sont virtuels. Mais le sentiment qui sous-tend ce mois restera le même, à savoir l’inclusivité.
Parce que la Fierté, c’est bien plus que des défilés.
« C’est une célébration de la force et de la communauté », déclare James Mabey, agent immobilier de deuxième génération et directeur de l’agence Century 21 Masters comptant trois bureaux dans la région d’Edmonton.
Cela cadre bien avec le Code REALTOR® de L’Association canadienne de l’immeuble (ACI), qui stipule que tout membre « ne doit refuser ses services professionnels à aucune personne, ni participer à tout plan qui favoriserait la discrimination contre quiconque, pour des raisons de race, d’origine nationale ou ethnique, de religion, de couleur, de sexe, d’état familial, d’âge, d’identité sexuelle, d’orientation sexuelle, d’état civil ou d’invalidité. »
Le secteur immobilier est dans son ensemble « très inclusif et multidimensionnel », explique M. Mabey, qui est également administrateur de représentation générale à l’ACI. Et cette inclusivité est un « microcosme » du Canada.
« Je suis fier d’être gai et je n’étais certainement aucunement inquiet ou préoccupé de ce que mon incursion dans le secteur immobilier allait être – ma mère se faisait en fait plus de souci pour moi », soutient-il. « Je peux honnêtement vous dire qu’après 15 ans, je n’ai jamais eu d’expériences négatives en travaillant avec le public ou des agents immobiliers. C’est merveilleux de pouvoir déclarer cela. »
Souvent, les acheteurs ou les propriétaires-vendeurs qui s’identifient comme LGBTQ+ recherchent activement un professionnel de l’immobilier au sein de la communauté.
« Lorsque vous faites visiter des propriétés à une personne gaie et que vous l’êtes aussi, il y a une capacité instantanée à se comprendre et à faire preuve d’une plus grande honnêteté », déclare M. Mabey. La personne pourrait également rechercher certaines informations concernant le marché; par exemple, si elle ne connaît pas la ville, elle voudra peut-être savoir quels quartiers sont ouverts à la communauté LGBTQ+.
Mais ceux qui s’identifient comme étant hétérosexuels peuvent aussi rechercher spécifiquement quelqu’un de la communauté. « Heureusement, beaucoup de gens regardent HGTV », déclare-t-il. Être membre de la communauté LGBTQ+ peut « en fait être un atout que [le client] pourrait rechercher chez un agent immobilier à son insu. »
C’est le cas de Trish Mutch, directrice de l’agence Mutch Property Group à Toronto, une société immobilière ouverte à la communauté LGBTQ+ qui propose une expertise en matière de contrats, de gestion immobilière et de placement. De plus, Mme Mutch compte à son actif plus d’une décennie d’expérience pratique dans les secteurs de la construction résidentielle, de la rénovation et des opérations de vente-achat.
Originaire de la Sunshine Coast, en Australie, Mme Mutch habite le Canada depuis une vingtaine d’années. « C’est la ville que j’ai choisie – j’adore Toronto. Je sens vraiment que je peux être moi-même ici », explique-t-elle. « On encourage les gens à conserver leur culture et leur langue. J’ai des amis de tous les coins possibles et imaginables du monde, ce qui me permet de goûter à toutes leurs cultures. »
Travailler dans l’immobilier est une profession de rêve pour elle, puisqu’elle peut aider les gens à s’épanouir dans leur cadre de vie. Et à Toronto, « j’ai le privilège d’être gaie ici », dit-elle. « Les gens me demandent de les aider à trouver un chez-soi parce que je suis gaie, ce que j’apprécie. »
Mais les professionnels de l’immobilier qui s’identifient comme LGBTQ+ ne veulent pas nécessairement être catalogués, particulièrement s’ils cherchent à faire croître leur entreprise. L’une des façons d’y parvenir est de promouvoir l’inclusivité dans leurs messages.
« Aucune de nos histoires ne se ressemble », explique M. Mabey. « Être authentique, raconter votre histoire personnelle et faire preuve d’inclusivité vous permettront d’exercer une force d’attraction auprès de tous. »
Pour Mme Mutch, cela signifie qu’il faut parler un peu de soi avec les clients potentiels. Elle est lesbienne, mais elle fait aussi partie d’une famille moderne se composant de huit adultes qui élèvent ensemble deux garçons. Aucune relation n’est à l’emporte-pièce et elle aborde tous les clients potentiels avec cette perspective.
Pour les professionnels de l’immobilier qui ne s’identifient pas comme LGBTQ+, travailler avec la communauté signifie qu’il faut être informé et bien renseigné, déclare M. Mabey.
« Le fait que votre entreprise n’est pas exploitée par une personne gaie ne vous empêche pas d’appuyer la communauté », explique-t-il. « Soyez cet allié, soyez capable de parler la langue. Ne faites pas de suppositions, optez plutôt pour un langage inclusif. »
Cela signifie de ne pas demander à un homme, « Quelle profession exerce votre femme? » ou poser des questions qui sont immédiatement rebutantes et potentiellement embarrassantes ou gênantes. « Essayez de poser des questions réfléchies. Il faut s’habituer à utiliser un langage non sexiste », explique-t-il.
« Je comprends ce que signifie l’utilisation du bon pronom personnel », soutient Mme Mutch. « Il est préférable de ne pas faire de supposition, et de demander à une personne lequel elle préfère. Il n’y a rien de mal à poser cette question; ce qui est plus gênant, c’est de ne pas la poser. »
Cela est également important d’un point de vue professionnel. Une famille peut se composer de deux pères ou deux mères, « vous avez donc intérêt à le savoir, parce que cela va entrer en jeu dans leur milieu familial », déclare-t-elle. « Vous êtes un professionnel et votre travail consiste à vraiment comprendre vos clients. »
Vos clients pourraient avoir des préoccupations qui sont propres à la communauté LGBTQ+, telles que « si nous élisons domicile dans ce quartier et que nos enfants fréquentent cette école, est-ce que les gens seront cool avec le fait qu’ils ont deux mamans ou deux papas? », explique Mme Mutch. Dans le cas de deux personnes s’identifiant comme étant des femmes, elles désireront peut-être savoir si elles vont se sentir en sécurité dans un bâtiment.
Souvent, plus le client est âgé, plus il accorde d’importance au choix du quartier. Elle a constaté que des personnes à la fin de la soixantaine et les septuagénaires se font davantage de souci à propos de leur quartier par rapport à celles dans la vingtaine, car elles ont vécu une expérience bien différente de celle de la génération Z ou Y.
Demandez à vos clients quels prénoms ils préfèrent « n’est pas nécessairement une chose avec laquelle un courtier ou agent immobilier issu de la génération du baby-boom va se sentir à l’aise », soutient M. Mabey. Si vous ne maîtrisez pas bien l’usage des pronoms personnels, « parlez aux gens de la communauté, mettez-les à contribution. »
Le REALTOR® Conference and Expo annuel de la National Association of REALTORS® (NAR) qui a lieu aux États-Unis consacrent des séances entières aux questions de LGBTQ+. M. Mabey recommande aux courtiers et agents immobiliers de suivre de la formation continue à ce sujet.
« Nous plaisantons sur la soupe à l’alphabet, mais les hétérosexuels en font aussi partie », soutient M. Mabey. « La fierté est très inclusive; il s’agit de partager notre force dans une communauté avec d’autres communautés. »