Être agent immobilier dans le Nord canadien exige un ensemble particulier de compétences

Lorsqu’on lui demande de décrire l’état du marché immobilier au Yukon, le territoire le plus à l’ouest du Canada, Marc Perreault répond de la manière la plus concise qui soit.

« Le marché est stable », affirme M. Perreault, agent immobilier chez RE/MAX Action Realty, établi à Whitehorse, la capitale du Yukon. « Il est essentiel de connaître le marché local. »

Les territoires canadiens sont vastes, mais, selon Statistique Canada, leurs populations sont petites. Le Yukon compte 45 750 résidents, les Territoires du Nord-Ouest 44 920 et le Nunavut 40 758. Le marché de l’immobilier se compose principalement de maisons unifamiliales, ainsi que de quelques copropriétés, appartements et maisons en rangée. Les maisons mobiles et les maisons modulaires sont populaires, car elles sont relativement abordables et plus rapides à construire.

Selon les données de L’Association canadienne de l’immobilier (ACI), dans l’ensemble des territoires, le nombre d’agents immobiliers est en augmentation, soit de 13,2 % depuis juin 2023. Si le nombre de membres dans les territoires est évidemment inférieur à celui des autres régions du Canada, il faut noter que ces membres travaillent dans une zone très étendue et très diversifiée.

Les conditions géographiques et climatiques des territoires canadiens sont uniques et particulièrement rigoureuses. Par conséquent, les agents immobiliers qui y travaillent ou qui souhaitent y travailler doivent posséder un ensemble particulier de compétences.

Selon Tara Leduc, agente immobilière chez Urban Realty Group, à Whitehorse, au Yukon, on trouve une cinquantaine d’agents immobiliers sur son marché. Les relations à long terme sont donc essentielles, car chaque personne sait qu’elle sera amenée à collaborer avec les autres à un certain moment.

« Nous connaissons les quelques promoteurs et entrepreneurs principaux ici, donc nous savons à quoi nous attendre pour la plupart des nouvelles constructions », dit-elle. Mme Leduc ajoute qu’elle s’occupe de nombreuses propriétés rurales, ce qui signifie que les agents immobiliers de la région doivent vérifier si les permis de construire ont été obtenus.

« Le zonage agricole, ou même l’absence de zonage sont fréquents, dit-elle. Chacune de ces maisons raconte une histoire, et le travail d’un agent immobilier consiste donc à déterminer s’il s’agit d’une histoire d’horreur ou d’une histoire d’amour. Je passe beaucoup de temps sous les maisons. D’ailleurs, dans ma voiture, j’ai une combinaison, des gants et des bottes. »

Selon les données de l’ACI, au mois de mai 2024, on comptait 43 nouvelles inscriptions et 30 unités vendues dans les Territoires du Nord-Ouest, et 82 nouvelles inscriptions et 60 unités vendues au Yukon.  

L’offre limitée de logements signifie que la concurrence est plus forte. Les gens viennent dans le Nord pour les possibilités d’emploi, généralement dans le secteur des ressources naturelles ou au sein du gouvernement, ainsi que pour le mode de vie des territoires. La construction dans ces régions est coûteuse, en partie à cause des frais de transport des matériaux et, dans certains cas, des techniques de construction spécialisées pour s’adapter au terrain.

Mme Leduc débute dans le secteur de l’immobilier au Yukon.

« Des amis du secondaire me demandent d’aider leurs parents à vieillir à la maison, à trouver une propriété plus petite ou un logement plus accessible, poursuit-elle. Les gens se souviennent de la manière dont vous avez agi avec eux il y a quelques décennies, et ça compte. Même la présence sur les médias sociaux est importante. »

Le Yukon est un marché équilibré pour l’instant, ajoute Mme Leduc. On peut y voir des transactions à offres multiples, mais aussi des propriétés qui restent sur le marché pendant plus de 30 jours et même quelques réductions de prix.

« Ce printemps, nous n’avons pas observé l’augmentation de l’inventaire que nous avions prévue, probablement parce que les taux d’intérêt n’ont pas encore baissé autant que les gens l’espéraient, dit-elle. Et l’activité sur le marché semble se maintenir pendant l’été. »

À Yellowknife, la capitale des Territoires du Nord-Ouest, il y a actuellement beaucoup de roulement sur le marché, explique Dwayne Simmons, agent immobilier chez Century 21 Prospect Realty. Depuis 2020, la région se trouve dans une situation de faible inventaire, ce qui a créé un marché favorable aux vendeurs.

« Beaucoup de jeunes viennent pour acquérir une expérience professionnelle qui ne leur est pas offerte dans le sud, et beaucoup d’entre eux ont des contrats de deux à cinq ans, » explique M. Simmons. Il a cependant fait exception à la règle : son plan de cinq ans est devenu un plan de 15 ans.

« Je trouve que les prix sur le marché de Yellowknife ont vraiment gonflé. Il est évident que pendant la période de la COVID-19, tous les marchés du Canada étaient en pleine effervescence, explique-t-il. Mais, même lorsque les taux d’intérêt ont atteint 7 %, Yellowknife n’a pas vraiment affiché de ralentissement. Là encore, on peut expliquer cette situation en grande partie par les coûts de location élevés et le faible niveau d’inventaire, de sorte que la demande des acheteurs était toujours présente. Je pense aussi que, comme beaucoup de jeunes s’installent en ville pour travailler et que les salaires globaux sont supérieurs à la moyenne, nos clients sont souvent des acheteurs d’une première propriété. »

Aux Territoires du Nord-Ouest, les maisons modulaires sont de loin les propriétés les plus courantes.

« On ne peut pas comparer ce qui se passe à Yellowknife avec ce qui se passe à Edmonton, à Toronto ou ailleurs, explique-t-il. Pour résumer, il est très coûteux de construire dans le Nord. Comme il y a beaucoup de roc ici, les fondations conventionnelles en béton ne sont pas aussi courantes, et les sous-sols sont rares. Les fondations de surface permettent de réduire le coût de la construction, mais tout ce qui se fait ici dans le domaine de la construction demeure cher. Voilà pourquoi nous nous retrouvons avec un grand nombre de maisons modulaires ».  

Mais, comme M. Simmons l’a appris en participant à des conférences sur l’immobilier dans tout le pays, où il rencontre ses pairs, les principes de l’achat et de la vente sont les mêmes que sur les autres marchés du Canada.

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