Une maison d’époque présente un grand attrait romantique, surtout lorsqu’elle est nichée dans une petite ville pittoresque, dans un décor éclatant de feuilles d’automne.
Ces maisons débordent de touches artisanales et de détails architecturaux uniques qui reflètent l’époque à laquelle elles ont été construites. Leur lien avec l’histoire leur confère un sens de la grandeur et un « cachet » très recherché par les acheteurs. Compte tenu de la beauté et du dynamisme de l’architecture au Canada, il y a de fortes chances que des réalisateurs d’Hollywood aient travaillé près de chez vous. Les médias, les films et la littérature ont souvent tendance à rendre les maisons historiques romantiques. Et celles qui ont été bien entretenues ont un attrait incomparable.
Toutefois, les courtiers et agents immobiliers vous diront que, bien qu’ils adorent vendre des maisons de cette catégorie, elles présentent des défis uniques.
Unionville, en Ontario, est une ville historique connue pour sa charmante rue principale. D’ailleurs, c’est là qu’a été tourné le premier épisode de la série Gilmore Girls. Katherine Minovski, agente et courtière immobilière chez Royal LePage à Unionville, vend une maison de 166 ans, d’une superficie de 3 250 pieds carrés, située à Markham, pour plus de 2,3 millions de dollars (prix en septembre 2024). La maison a été entièrement rénovée et équipée d’éléments modernes, comme des électroménagers haut de gamme, deux foyers au gaz et des garde-robes personnalisés, mais elle conserve son charme et sa construction artisanale d’origine. La maison a même attiré l’attention de cinéastes, puisqu’elle a servi de décor à des films de la chaîne Hallmark. La ville offre aussi des incitatifs, comme des subventions annuelles pour l’entretien de l’extérieur de la maison.
« La maison a été inscrite tout au long de l’été. Toutefois, compte tenu des taux d’intérêt et de l’inflation, la vente prend plus de temps, explique Mme Minovski. En règle générale, il faut compter entre quatre et huit mois pour ce genre de maison sur le marché, à moins de se trouver dans une situation de guerre des enchères, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. De nombreuses maisons d’époque ont une réputation négative, car les gens pensent qu’ils ne peuvent pas modifier considérablement l’extérieur de ces propriétés. Dans ce cas, la ville offre des subventions, mais les personnes qui cherchent à acheter ici s’intéressent à l’apparence et au cachet de la maison, alors pourquoi essayer de modifier la façade? Ces maisons sont bien mieux construites, car tout a été fait à la main, contrairement aux nouvelles maisons modulaires qui sont produites aujourd’hui. »
Toronto, en Ontario, est un choix fréquent pour les réalisateurs de films et d’émissions de télévision de tous genres. Parmi les projets notables, on peut citer Chicago, L’Incroyable Hulk, et Le mariage de l’année. Sarah Garner, agente immobilière chez Royal LePage Supreme Realty, à Toronto, explique également que l’achat et la vente d’une maison d’époque, malgré son potentiel hollywoodien, présentent certains défis.
Si une propriété a appartenu à une personne pendant de nombreuses années, l’acheteur risque de se trouver face à des équipements mécaniques désuets. La maison peut avoir encore des fils électriques à boutons et tubes, une isolation en amiante, ou pas d’isolation du tout. L’acheteur peut aussi devoir régler des problèmes d’étanchéité dans le sous-sol ou entreprendre la coûteuse opération de reprise en sous-œuvre (pour augmenter la hauteur du plafond dans un sous-sol). La plomberie en plomb et les systèmes de chauffage désuets peuvent également être des facteurs à prendre en compte, ajoute Mme Garner.
La maison peut ne pas avoir l’air climatisé. De nombreux éléments auxquels les acheteurs s’attendent peuvent ne pas être intégrés dans l’architecture de la maison. En effet, les maisons plus anciennes ont souvent de petites cuisines, des placards moins nombreux et des salles de bains démodées.
« Le charme des moulures couronnées, des plafonds de 10 pieds et des grandes pièces principales est formidable, mais l’acheteur doit être informé et disposé à entreprendre les rénovations éventuelles pour adapter une maison centenaire au style de vie de ce siècle, dit-elle. L’esthétique fait vendre ce qui est beau, pas ce qui est pratique. Les couleurs automnales et les avant-toits recouverts de neige ont un aspect romantique, mais la pragmatique que je suis voit des avant-toits encombrés de feuilles et des toits qui fuient. »
« En tant que courtiers ou agents immobiliers, nous voulons que chaque inscription soit la plus belle possible, mais en tant que représentants des acheteurs, il faut regarder au-delà de l’esthétique et s’intéresser de plus près à l’inspection de la maison et à d’autres questions plus importantes. J’ai vu des rénovations et des restaurations spectaculaires de maisons centenaires dont de nombreux détails patrimoniaux ont été préservés. Un concepteur astucieux et un architecte compétent peuvent apporter des modifications qui préservent le charme tout en ajoutant des éléments modernes qui peuvent donner naissance à un chef-d’œuvre victorien hybride. »
Asif Khan, propriétaire d’agence et courtier chez RE/MAX Prime Properties, à Toronto, en Ontario, indique que, selon son expérience, les maisons d’époque prennent du temps à vendre – une propriété achetée par l’un de ses clients était sur le marché depuis près d’un an. La quantité de travail nécessaire pour entretenir une maison aussi ancienne peut effrayer de nombreux acheteurs, tandis que le vendeur attend le bon acheteur, qui saura apprécier le caractère de la maison.
« Dans les petites villes, on trouve certainement plus d’acheteurs potentiels pour ce type de maisons, explique M. Khan. Le côté attrayant d’une maison historique sur un terrain charmant situé au centre d’une petite ville est ce qui motive les acheteurs à chercher ce type de propriété. Bien que ces maisons anciennes soient très attrayantes, avec les grands arbres qui bordent la rue et qui changent de couleur, ce n’est pas la principale raison pour laquelle elles sont vendues. »
« Les couleurs d’automne encadrent joliment la maison et ajoutent au caractère, poursuit M. Khan. J’en ai vendu une en hiver, et les arbres couverts de neige fraîche qui bordaient la rue étaient éblouissants. L’acheteur a adoré le trajet jusqu’à la maison. Un terrain bien entretenu et une belle façade augmenteront les chances de vendre la maison, même si l’intérieur a besoin de quelques travaux. »
À Calgary, en Alberta, Nancy Calvin, associée et agente immobilière chez Royal LePage Benchmark, a acheté une maison construite en 1909, dans le prestigieux quartier Mount Royal (anciennement American Hill). Mount Royal a récemment été le lieu de tournage du film SOS fantômes : l’au-delà. La maison de Mme Calvin est une ancienne annexe, qui a été convertie et dont les travaux ont été terminés dans les années 1940. Grâce à son expérience personnelle, elle peut affirmer que les courtiers ou agents qui vendent dans cette catégorie doivent s’armer de patience, car les clients achètent davantage en raison de leur passion et s’intéressent à l’histoire, à l’architecture et au charme général de la maison. Cet aspect réduit le nombre d’acheteurs potentiels.
Il est important de savoir dès le départ si la maison est classée comme bâtiment du patrimoine, généralement sous la surveillance des administrations municipales ou provinciales, qui peuvent imposer certaines règles ou limites en ce qui concerne les travaux de rénovation ou d’agrandissement de la propriété.
« Si vous remplacez les fenêtres d’une maison de style néo-Tudor ou du début du siècle, par exemple, ils voudront que vous installiez des fenêtres d’un style similaire, qui respectent l’architecture de l’époque », explique Mme Calvin.
« Pour moi, c’est le caractère unique de la maison, poursuit-elle. Je sais qu’il y a moins de distinction dans la plupart des habitations d’aujourd’hui. Si vous vous promenez dans un quartier où il y a beaucoup de maisons patrimoniales, vous verrez une grande variété de styles architecturaux et de finitions. Ce qui m’a attiré vers ma maison, c’est qu’il s’agit d’une charmante résidence de type cottage. Ce que je trouve intéressant et attrayant, c’est le charme de ces maisons, les jardins très matures. J’ai un beau jardin mature à l’avant et à l’arrière, ce qui est, bien sûr, un aspect important d’une propriété plus ancienne. »
Quand on accompagne un acheteur, une partie du travail consiste à l’aider à modérer ses attentes, qui sont souvent fondées sur l’esthétique de la façade.
« Je pense que le défi, en ce qui concerne les attentes par rapport à la réalité, est de s’assurer que les acheteurs comprennent que lorsqu’ils se lancent dans ce genre de projet, ils doivent en quelque sorte le faire avec passion… Ils peuvent s’attendre, au fil du temps, à devoir régler plusieurs problèmes d’infrastructure ou d’éléments intégrés à la maison, comme remplacer les grosses contre-fenêtres démodées par des moustiquaires pour l’été », explique Mme Calvin.
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