Chaque trimestre, L’Association canadienne de l’immobilier (ACI) publie un résumé des indicateurs économiques clés pour l’immobilier commercial au Canada. L’équipe d’économistes de l’ACI analyse régulièrement les mises en chantier, le nombre de permis de construction de bâtiments non résidentiels, le produit intérieur brut (PIB) et le marché du travail comme indicateurs du marché de l’immobilier commercial. Pour des informations sur le marché de l’immobilier résidentiel, consultez le Centre de statistiques de l’ACI.
En examinant les données sur l’immobilier commercial pour le premier trimestre de 2024, L’Association canadienne de l’immobilier (ACI) constate une baisse du nombre de permis de construction de bâtiments non résidentiels délivrés, un ralentissement des mises en chantier et un assouplissement du marché du travail, autant de preuves d’un ralentissement possible des nouveaux projets de construction partout au pays.
En particulier la valeur des permis de construction de bâtiments non résidentiels délivrés qui a diminué de près de 5 % par rapport au premier trimestre de 2023.
Bien que les mises en chantier soient moins nombreuses qu’il y a quelques années, lorsque les taux d’intérêt étaient bas, elles ont augmenté par rapport à la même période l’an dernier. Le secteur de l’habitation est confronté à de nombreux défis, comme la hausse des taux d’intérêt, le coût des matériaux et de la main-d’œuvre, et la valeur élevée des terrains.
Le marché du travail continue de montrer des signes d’assouplissement. Au Canada, il y a plus de personnes qui entrent sur le marché du travail que de personnes qui obtiennent un emploi et la croissance des salaires ne devrait pas suivre l’évolution du coût de la vie que la plupart des Canadiens ont connue au cours des dernières années.
Pour le marché de l’immobilier commercial, 2024 demeure une année incertaine, car l’économie canadienne devra composer avec l’incertitude entourant les futures réductions des taux d’intérêt, le ralentissement du marché du travail, les préoccupations relatives à l’abordabilité et le ralentissement de l’économie.
Voici une analyse plus approfondie de certaines données que l’ACI surveille sur le marché immobilier commercial.
Mises en chantier
Source: SCHL
Quoiqu’inférieures aux niveaux presque records enregistrés lorsque les taux d’intérêt étaient plus favorables, les mises en chantier au Canada ont augmenté d’environ 8 % au premier trimestre de 2024, comparativement au quatrième trimestre de 2023. Elles ont augmenté d’environ 12 % par rapport au premier trimestre de 2023.
Le budget de 2024 du gouvernement fédéral, publié en avril 2024, comprenait d’importantes annonces en matière de politiques sur le logement, qui sont censées favoriser la construction de près de 3,9 millions de nouveaux logements d’ici 2031. Parmi les mesures incitatives, mentionnons 8,5 milliards de dollars pour la construction de nouveaux logements au cours des cinq prochaines années, un gel des droits d’aménagement pour certaines municipalités de plus de 300 000 habitants, un supplément de 15 milliards de dollars pour le Programme de prêts pour la construction d’appartements et l’élimination de la TPS sur les nouveaux logements locatifs construits à cet effet.
Le gouvernement fédéral a également promis d’examiner son portefeuille de terrains fédéraux pour éventuellement offrir certains terrains fédéraux à la vente et aux baux à long terme à des fins d’aménagement, ainsi que d’envisager de convertir d’anciens immeubles de Postes Canada en logements.
Un rapport du Conference Board du Canada, produit en collaboration avec l’ACI, l’Ontario Real Estate Association (OREA) et la British Columbia Real Estate Association (BCREA), souligne que le Canada doit pourvoir 12 000 postes vacants de travailleurs qualifiés par année au cours des 10 prochaines années dans le secteur de la construction résidentielle afin de répondre aux besoins du pays en matière de logement, et que des sources non traditionnelles de main-d’œuvre de construction joueront un rôle crucial pour pourvoir ces postes vacants.
Permis de construction de bâtiments non résidentiels
Source: Statistique Canada
De janvier à mars 2024, des permis de construction de bâtiments non résidentiels d’une valeur de près de 12,97 milliards de dollars ont été délivrés. Il s’agit d’une baisse de près de 5 % comparativement à la même période de trois mois l’an dernier, mais d’une hausse de près de 7 % par rapport aux trois mois précédents, la composante commerciale venant en tête en Ontario, au Québec et en Colombie-Britannique.
Le nombre de permis de construction de bâtiments non résidentiels approuvés a également diminué d’un trimestre à l’autre et d’une année à l’autre, les composantes industrielle, institutionnelle et gouvernementale ayant enregistré un plus grand recul.
D’un trimestre à l’autre, les intentions de construction sont demeurées fortes en Colombie-Britannique et à l’Île-du-Prince-Édouard, mais elles ont été nettement plus faibles dans le reste du pays.
D’une année à l’autre, les intentions de construction étaient plus élevées au premier trimestre de 2024 qu’en 2023 dans la majeure partie du pays, sauf en Ontario et à Terre-Neuve-et-Labrador.
Les longs obstacles réglementaires et la pénurie de main-d’œuvre qualifiée continuent de compliquer la mise en marché des bâtiments non résidentiels au Canada. La hausse des coûts de construction a également eu une incidence sur la faisabilité financière des nouveaux projets, Statistique Canada ayant déclaré que les coûts de construction de bâtiments non résidentiels ont augmenté d’environ 44 % depuis 2017.
Dynamique du marché du travail
Source: Statistique Canada
Le taux de chômage national au Canada s’est établi à 6,1 % en avril 2024, et l’économie a créé 90 000 emplois au cours du mois. Cette augmentation est en grande partie attribuable aux emplois à temps partiel, qui n’offrent peut-être pas le même niveau de revenu ou de stabilité que les emplois à temps plein.
Le taux d’emploi national, qui mesure le nombre de personnes occupant un emploi en pourcentage de la population en âge de travailler, s’est maintenu à 61,4 % en avril, après six baisses mensuelles consécutives.
Des niveaux presque records de croissance démographique au Canada continuent d’influencer le marché du travail, et la croissance de la population nationale en âge de travailler dépasse la croissance de l’emploi. Cela indique que, même si un plus grand nombre de personnes entrent sur le marché du travail, elles ne trouvent pas toutes un emploi, ce qui fait augmenter le taux de chômage et baisser le taux d’emploi.
Selon l’Enquête sur les perspectives des entreprises – Premier trimestre de 2024 de la Banque du Canada, le marché du travail continue de ralentir, mais la croissance des salaires demeure supérieure à la moyenne. L’assouplissement des conditions de travail reflète à la fois une demande plus faible de nouveaux travailleurs et une offre plus importante de travailleurs disponibles sur le marché du travail. On s’attend toujours à ce que les ajustements salariaux demeurent plus élevés que la moyenne, principalement en raison des ajustements liés au coût élevé de la vie.
Croissance du produit intérieur brut (PIB)
Source: Statistique Canada
Dans son Rapport sur la politique monétaire d’avril 2024, la Banque a noté que l’inflation continue de ralentir alors que la politique monétaire agit pour réduire les pressions inflationnistes. Elle a également mentionné que, bien que l’économie canadienne n’ait affiché aucune croissance au deuxième semestre de 2023, le PIB devrait rebondir en 2024, l’économie canadienne devant croître de 1,5 % en 2024 comparativement à 1,1 % l’an dernier, avant d’augmenter de 2,2 % en 2025.
Bien que la croissance du PIB soit demeurée stable depuis le printemps 2023, le PIB réel par habitant stagne depuis le début de 2020, les augmentations de la production réelle n’ayant pas suivi la croissance de la population. Le PIB réel par habitant devrait continuer de baisser dans un proche avenir. La haute direction de la Banque du Canada a décrit cette situation comme une urgence nationale.
Dans l’ensemble, l’indice des prix à la consommation (IPC) a ralenti à 2,7 % en avril 2024. Il s’agissait du quatrième mois consécutif d’assouplissement de l’inflation et d’une inflation se situant dans la fourchette cible de 1 % à 3 % de la Banque. Les coûts d’intérêt hypothécaires et les loyers demeurent les principaux facteurs qui contribuent au taux d’inflation élevé, les coûts d’intérêt hypothécaires ayant augmenté de 24,5 % et les loyers de 8,2 % d’une année à l’autre. Lorsqu’on exclut la composante logement de l’inflation globale, l’IPC s’établit à un peu moins de 1,2 %.
Le prochain Portrait de l’immobilier commercial de l’ACI sera publié plus tard cet été et couvrira l’activité économique du deuxième trimestre de 2024.