Le mardi 15 novembre, L’Association canadienne de l’immobilier (ACI) a publié ses statistiques nationales sur l’habitation pour le mois d’octobre. Shaun Cathcart, économiste principal à l’ACI, fait le point sur l’état des marchés de l’habitation au Canada et explique ce que les données signifient pour les membres.
Bien des gens ont été surpris d’apprendre que les ventes résidentielles enregistrées sur les systèmes MLS® canadiens ont augmenté de 1,3 % de septembre à octobre 2022.
Cela n’aurait pas dû surprendre les avertis du marché, puisque les baisses des ventes d’un mois à l’autre sont de plus en plus faibles depuis mai. Pour certains, observer des résultats positifs plutôt que négatifs est un changement significatif, ne serait-ce que sur le plan psychologique.
Bien qu’une augmentation de 1,3 % peut ne pas sembler importante, car nous avons naturellement tendance à comparer ce chiffre à zéro, pour ceux qui ne suivent pas tous les détails du marché de l’habitation au Canada, ce petit gain s’inscrit dans une impression générale que le ciel nous tombe, et continue de nous tomber, sur la tête. C’est pour cela que ce gain en a surpris plusieurs.
Et c’était une bonne surprise. Cela fait un bon moment que nous disons que nous ne jouirons pas de sitôt du même marché qui existait à la fin de 2020 et au cours d’une bonne partie de 2021. Pas avec les taux d’intérêt qui ont beaucoup augmenté.
La lumière au bout du tunnel que nous recherchons, c’est la stabilisation. La stabilisation de l’inflation d’une année à l’autre, un plafond pour les taux d’intérêt (le « taux final ») et un niveau plancher des ventes et des prix des propriétés.
À ce stade, on semble voir deux des quatre signes de stabilisation (inflation et ventes de propriétés). Avec un peu de chance, au cours des prochains mois, la Banque du Canada annoncera qu’il n’y aura pas d’autres hausses des taux d’intérêt. Et quand tous les morceaux seront en place, les prix devraient se stabiliser.
Les baisses des prix d’un mois à l’autre sont de plus en plus faibles depuis juin, mais comme pour les taux d’intérêt, nous n’avons pas encore atteint l’équilibre.
L’année a été difficile pour les marchés de l’habitation, tant pour les détenteurs d’un prêt hypothécaire que pour les acheteurs éventuels, mais cette conjoncture voulant que la demande à long terme soit trop élevée et que l’offre soit insuffisante n’est pas intrinsèque au marché de l’habitation. Cette conjecture est attribuable (temporairement) à l’inflation.
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La Banque du Canada a commencé à cibler l’inflation en 1991 et c’est la première fois depuis que l’inflation est aussi élevée. Ce ne sera pas toutefois un retour aux années 1970 et 1980. Le mandat de la Banque consiste à combattre l’inflation pour la ramener à la cible, et c’est ce qu’elle fait. Le logement, la croissance économique, l’emploi et bien d’autres choses ne sont pas dans la ligne de mire, mais ils en subissent les conséquences.
Bientôt, le taux du financement à un jour de la Banque du Canada atteindra probablement entre 4 % et 5 %, et se stabilisera. Si tout se passe comme prévu, l’inflation retombera vers la cible et la Banque pourra commencer à relâcher le frein.
La « fourchette neutre » pour le taux du financement à un jour est de 2 % à 3 %, ce qui serait une sorte de zone idéale entre la situation actuelle et la situation connue en 2020 et en 2021 avec offres multiples et hausses des prix des propriétés de 30 %. Cela ne devrait pas prendre trop de temps pour y arriver, mais nous n’y sommes pas encore. Comme le dit l’expression, ça va passer.
En savoir plus : creastats.ca.