Début 2005, mon mari et moi voulions acheter notre première propriété. Nous avons vite découvert que notre agent immobilier aimait nous faire passer de petits tests surprise pendant nos visites. Nous avions un faible pour les vieilles demeures à rénover dans les quartiers animés du centre-ville de Calgary en bordure de rivière, et il voulait que nous dépensions judicieusement notre argent durement gagné.
Lors d’une visite d’une résidence du début du 20e siècle située près des terrains du Stampede, notre agent nous a pointé une poutre traversant le sous-sol. Le test était commencé : « Selon vous, à quoi sont dues ces taches et cette déformation? » « À des inondations », ai-je proposé. « Exact, a-t-il répondu, et ce quartier en subira d’autres. » Une autre maison était dotée d’une pompe de puisard, même si elle ne semblait pas à risque d’être inondée. Notre agent a émis l’hypothèse que même si nous nous trouvions en hauteur, il se pouvait qu’il y ait des problèmes de drainage non loin, ce qui causerait un risque de refoulement lors d’une forte pluie. Une troisième maison, un magnifique projet situé sur une rue bordée d’arbres près de la pittoresque rivière Elbow, posait un trop gros risque : une inondation et tout notre travail tomberait littéralement à l’eau.
Nous avons finalement acheté une maison sur une colline et en avons pris possession en juin 2005, alors que des pluies record sont tombées sur la province, qui venait de sortir d’une décennie de sécheresse. La rivière Elbow est sortie de son lit, et plus de 40 000 domiciles ont été endommagés par cette crue. Nous étions très heureux d’avoir fait confiance à notre agent et à sa connaissance des quartiers de la ville. Et il s’avère que le pire était à venir. Le déluge s’est abattu seulement huit ans plus tard, en 2013.
Selon un sondage mené en 2020 par le réseau Partners for Action de l’Université de Waterloo, la connaissance des risques d’inondation demeure très faible au Canada : seulement 6 % des répondants savent qu’ils vivent dans une zone inondable désignée et 81 % n’ont jamais même consulté une carte des inondations pour leur secteur. Difficile d’être bien préparé quand on ignore qu’il y a un risque. Le réseau a donc fondé Flood Smart Canada afin d’aider les Canadiens à trouver des ressources pour évaluer leur niveau de risque. Depuis 1998, les dommages causés par la météo extrême ont coûté presque dix milliards de dollars aux contribuables et aux assureurs canadiens. Les dommages causés par l’eau sont maintenant la principale cause de demande de règlement d’assurance habitation dans plusieurs collectivités, peu importe leur taille.
Les courtiers et agents immobiliers sont une source importante de renseignements fiables lorsque vient le temps de prendre l’une des décisions financières les plus cruciales de notre vie. Voici comment ils peuvent aider leurs clients à faire un investissement immobilier éclairé :
Aidez-les à comprendre les risques associés à certaines propriétés. Il n’existe aucune carte nationale des inondations pour le Canada; vous devrez donc obtenir des ressources sur le site Web de votre municipalité. Vous pouvez aussi consulter des cartes par province ou territoire.
Expliquez-leur le type d’assurance habitation dont ils auront besoin. Assurez-vous qu’ils s’informent au sujet de l’assurance contre les inondations et de ce qui est compris dans la police d’assurance habitation.
Partout au pays, les marchés sont en surchauffe. Assurez-vous que vos clients font faire une inspection. C’est peut-être l’étape grâce à laquelle seront détectés des signaux d’alarme. Une bonne inspection permettra d’évaluer le nivellement, de déterminer le risque d’infiltration au sous-sol, de constater l’humidité et de détecter si la maison a déjà été endommagée par l’eau.
Incitez vos clients à entretenir leur propriété. De petites améliorations comme une pompe de puisard et un aménagement paysager permettant à l’eau de s’éloigner de la maison peuvent éviter des milliers de dollars de dommages.
Rien ne vaut la prévention et la préparation!
L’article ci-dessus est publié à titre informatif; il ne constitue nullement des conseils juridiques ou financiers et ne saurait remplacer un conseiller juridique.