Le paloma est un favori de l’été. Il est beau, bon, sans sucre ajouté (ma version, du moins) et hyper rafraîchissant. Il réussirait même à séduire quelques buveurs de bière. Mais prenez garde : toutes ces belles qualités font qu’il descend un peu trop bien.
En politique, on dit que la victoire a mille pères, mais que la défaite est orpheline. Pensons à Andrew Scheer, ou Michael Ignatieff maintenant qu’il a tiré sa révérence. En tout cas, le paloma, lui, n’a rien d’un orphelin.
Et pendant un certain temps, l’histoire (merci, Wikipédia!) voulait que ce cocktail ait été inventé par un dénommé Evan Harrison dans les années 1950, puis rendu populaire grâce au livret Popular Cocktails of the Rio Grande. Dans certains milieux, et si on en croit plusieurs articles contemporains, son invention leur revient encore. Mais aujourd’hui, on sait pertinemment qu’il s’agit de fausses nouvelles. Et pas des fausses nouvelles à la Trump – de vraies fausses nouvelles.
L’article Wikipédia qui aurait, ou pas, été derrière la version erronée des faits a été supprimé il y a belle lurette. Le livret en question n’aurait jamais existé. Mais Evan Harrison, lui, existe. Il travaillait (et travaille toujours) comme barman aux États-Unis, mais il n’était même pas né l’année où le mythique livret aurait été publié. Selon les dires, lui ou ses amis, bref, quelqu’un se serait amusé à modifier des articles Wikipédia… Voilà comment les choses ont commencé.
Or, l’origine la plus probable du paloma découle de l’invention de la boisson Squirt à saveur de pamplemousse. Quelqu’un quelque part au Mexique s’en est procuré dans les années 1950 et l’a mélangée avec de la téquila. Voilà comment le paloma est né! Au fait, paloma, ça veut dire colombe. Étant donné qu’on avait déjà l’habitude de mélanger jus de lime et téquila au Mexique, c’est tout à fait plausible.
Aujourd’hui, quand on parle de cocktail à la téquila et au soda pamplemousse, il existe une foule de variantes. Certaines optent pour le mezcal. D’autres proposent plutôt d’ajouter un peu de jus de lime ou encore un simple sirop. Comme il n’est pas facile de trouver du soda au pamplemousse et que, quand on en trouve, il est souvent sirupeux, sucré et ne goûte même pas le pamplemousse, j’utilise du jus de pamplemousse fraîchement pressé. Rien de mieux! Voici donc ma version.
Dans un coquetelier, combinez :
- 3 oz de téquila blanche
- 3 oz de jus de pamplemousse
- 1 oz de jus de lime
Conseil de pro : Pour presser le plus de jus possible, ne réfrigérez pas le fruit et choisissez-en un qui a la peau mince. Mélangez la téquila et le jus sans glace (c’est ce qu’on appelle un dry shake). Versez le tout dans un grand verre (j’utilise une pinte), puis ajoutez quatre ou cinq petits glaçons ou deux gros glaçons. Enfin, ajoutez de trois à six onces de soda bien frais et remuez délicatement. En mettant plus de soda, vous rendrez votre cocktail plus rafraîchissant et moins acidulé. Allez-y selon vos goûts. Moi, j’en mets à souhait. On obtient donc une boisson ayant un goût de pamplemousse et de téquila subtil : c’est parfait pour les chaudes journées d’été!
Randall a eu le malheur d’être barman à la fin des années 1980, une période officiellement reconnue comme « la déchéance » dans l’histoire des cocktails. Vous souvenez‑vous du fuzzy navel, du téquila sunrise et de l’éventail de boissons à base de noix de coco et de curaçao bleu? La résistance a peut-être été futile contre les Borgs, mais rien ne pouvait faire céder Randall. Il a continué à boire ses manhattans, rob roys et old-fashioneds, bien qu’il n’en ait presque jamais servi au bar.