Si vous n’aviez que quelques minutes pour prendre ce que vous avez de plus précieux chez vous, qu’apporteriez-vous? Les documents d’assurance, les passeports, les photos, les ordinateurs?
L’agent immobilier Jason Blair a fait face à cette tâche déchirante pendant que les incendies inextinguibles approchaient Fort McMurray, brandissant leurs flammes dévorantes et menaçant toute la ville.
Il a dit au Ottawa Citizen qu’il s’est assuré d’apporter la première paire de chaussures de son fils, ainsi qu’une boîte à chaussures pleine de photos et d’autres souvenirs de sa défunte mère.
« Pensez à rentrer à la maison pour ramasser ce que vous pouvez », a raconté l’agent immobilier de Coldwell Banker Fort McMurray aux nouvelles de CBC News après avoir évacué sa résidence le mardi 3 mai 2016. « Qu’est-ce qu’on priorise? [… ] Tu ramasses ce qui est nécessaire pour le bébé et tu prends la route. » Où va-t-on? « Ils vous disent d’aller à un endroit. Mais après, il y a une longue file d’attente de voitures sur la route. »
Il y a un peu plus d’une semaine que « l’enfer s’est déchaîné », dans les mots de Blair, et que l’homme et sa jeune famille ont dû trouver un abri à Cochrane, en Alberta, près de Calgary. Le tourment de ne pas savoir ce qui était arrivé à sa demeure l’a affligé pendant des jours.
La structure se trouve en fait parmi les chanceuses. Près de 2 500 bâtiments ont été détruits et bon nombre d’autres ont subi des dommages par la fumée. Selon un analyste de la Banque de Montréal, l’estimation des pertes encourues par les assurances pourrait dépasser 9 milliards de dollars.
« Notre résidence est encore ici. J’ai demandé à quelqu’un d’y aller en voiture pour m’envoyer un message FaceTime et dire ‘La voici’. »
On s’attendrait à voir Blair soulagé, excité ou reconnaissant, mais ce n’est pas tout à fait le cas. « C’est difficile de se réjouir quand on sait que des amis à soi ont perdu leur (demeure). C’est difficile de sauter de joie, d’être très excité que la sienne reste debout », a raconté Blair à CBC News dernièrement.
Une de ces amies est une collègue du bureau de Coldwell Banker Fort McMurray. Elle a tout perdu dans l’incendie.
« À notre retour, nous veillerons à son bien-être financier, social et affectif jusqu’à ce qu’elle retrouve sa résidence », a affirmé Blair en mentionnant que son bureau comptait environ 35 personnes qui sont dispersées aux quatre coins de l’Alberta.
Leur principal objectif de travail consistera à faciliter la paperasserie et à retourner en ligne après l’établissement de leur bureau temporaire à Edmonton. Blair a dit qu’ils ont des photos de propriétés que les compagnies d’assurances voudront voir pour les réclamations.
Quand Blair a appris que des courtiers et agents immobiliers de l’ensemble du pays ont amassé 186 000 $ pour les efforts de reconstruction de Fort McMurray et que d’autres fonds s’en venaient, il est devenu ému.
« Wow, j’en ai presque la larme à l’œil », a-t-il dit. « Personne n’aime demander d’aide, mais nous en avons besoin. Les agents que je connais dans ma ville donnent, donnent et donnent encore. Ça ne me surprend pas de voir ça à l’échelle du Canada. Je suis très reconnaissant de ce qu’ils font. »
Quand on lui a demandé s’il reviendrait au secteur, il a affirmé ne rien vouloir manquer de ce qui s’y passe.
« Si on nous disait qu’on pouvait retourner demain, je partirais aujourd’hui pour attendre à l’extérieur des limites de la ville. L’endroit sera plus gros et meilleur que jamais », a-t-il affirmé. « Le travail sera là pour moi à mon retour. Est-ce que je pense que les gens continueront d’acheter des maisons? Absolument, mais j’aurai du temps à consacrer à autre chose. »