« À quoi peut-on s’attendre? » Personne ne le sait vraiment avant que l’avenir ne le dise. Par contre, cela n’a jamais empêché les marchés financiers de parier.
Les marchés financiers misent déjà sur l’orientation que pourrait prendre l’économie canadienne avec M. Trump à la tête du pays de l’oncle Sam, en se fondant sur sa campagne électorale (et ce, même en sachant que certains politiciens font des promesses uniquement en vue de remporter l’élection, pour ensuite faire tout le contraire une fois au pouvoir). La mauvaise nouvelle est que la croissance économique canadienne ne bénéficiera pas directement des promesses de M. Trump. En fait, certaines mesures pourraient se révéler franchement nuisibles. Le bon côté? Eh bien, ce qui est mauvais pour la croissance économique sera bon pour le maintien de taux d’intérêt faibles.
Au nombre des mesures que M. Trump a l’intention de prendre pour redorer le blason des États-Unis (« make America great again »), on compte l’imposition de tarifs sur les importations américaines et la renégociation ou l’élimination des accords de libre-échange. Ces nouvelles ne sont toutefois guère bonnes pour les manufacturiers canadiens et leurs employés. Si M. Trump continue effectivement de passer de la parole aux actes, on peut s’attendre à ce que les exportations canadiennes vers les États-Unis n’enregistrent pas de gains majeurs. Les États-Unis sont de loin le plus important marché d’exportation du Canada. Jusqu’à tout récemment, la Banque du Canada misait sur des exportations plus vigoureuses pour alimenter la croissance économique au Canada.
Il y a par ailleurs longtemps que la Banque du Canada attend une relance des investissements des entreprises au Canada pour alimenter la croissance économique. Par contre, à moins d’une augmentation de la demande en matière d’exportations canadiennes, les entreprises demeureront peu disposées à accroître leurs investissements dans les chaînes de production.
Autre élément important : M. Trump a déclaré qu’il ajustera la politique fiscale fédérale en réduisant les impôts sur le revenu et en déliant les cordons de la bourse pour le financement de projets d’infrastructure américaine. Comme les marchés financiers sont d’avis que ces deux mesures concourent à alimenter l’inflation aux États-Unis, le rendement des obligations américaines a déjà augmenté. Cette situation exerce une pression à la hausse sur le rendement des obligations canadiennes et les taux d’intérêt liés à ces obligations. C’est toutefois une tendance qui, pour le moment, s’est peut-être stabilisée. Par contre, cette tendance pourrait à nouveau s’accentuer lorsque M. Trump annoncera des réductions d’impôts et une augmentation des dépenses du gouvernement.
Somme toute, il y a fort à parier que la prise de position protectionniste de M. Trump pèsera sur la croissance économique canadienne, alors que ses politiques fiscales auront pour effet de provoquer une autre hausse des taux d’intérêt à long terme. Cela empêchera probablement la Banque du Canada de même songer au besoin de hausser le taux de financement à un jour, en raison de la croissance anémique persistante des revenus des Canadiens et de l’inflation timide des prix à la consommation.
Les taux hypothécaires variables étant fortement liés au taux directeur de la Banque du Canada, les acheteurs de maisons canadiens qui optent pour une hypothèque à taux d’intérêt variable pourraient tirer leur épingle du jeu des politiques économiques de M. Trump. Que se passera-t-il? Seul l’avenir le dira.