Linda Jorgensen a mis quelques vêtements et de la nourriture dans un sac à dos, puis elle a pris la route. Direction : son chalet niché à Winkley Creek sur le lac Quesnel, où elle passera la nuit.
Ces petites vacances qu’elle prenait pour s’échapper de son quotidien chargé d’agente immobilière n’allaient toutefois pas être relaxantes. Bien au contraire. Ce que Mme Jorgensen ne savait pas encore à ce moment-là, c’est qu’elle ne sera autorisée à rentrer à la maison que trois semaines plus tard.
Le 7 juillet, Mme Jorgensen, agente immobilière à Crosina Realty Ltd, a été évacuée de sa maison en raison des feux de forêt qui ont embrasé sa charmante localité de 150 Mile House, en Colombie-Britannique.
« Notre coin n’était pas touché par le feu à ce moment », explique-t-elle lors d’une entrevue téléphonique, en se rappelant les événements. « Vers 16 h, le vent s’est levé et pendant la nuit le feu s’est vite répandu partout. Il brûlait à deux pâtés de maisons de chez mon fils et c’était juste un feu secondaire. »
Mme Jorgensen a laissé le sort de sa maison à deux étages de 1 650 pieds carrés complètement à la merci du trajet imprévisible et dévastateur du feu de forêt. Comme d’autres résidents de sa collectivité qui ont vite trouvé refuge ailleurs, elle ne savait pas si elle trouverait à son retour autre chose que les restes calcinés de leur collectivité nichée entre la chaîne Côtière et les Rocheuses. Elle a eu de la chance; sa maison est demeurée intacte.
« Nous avons vu ce que Fort McMurray a enduré l’année passée, mais je pense qu’on s’attendait au pire à notre retour », a fait savoir Mme Jorgensen, notant la façon dont les résidents de Fort McMurray sont venus prêter main-forte à sa collectivité et à celle de Williams Lake, plus durement touchée. « Ils sont en reconstruction, mais ils sont venus à notre secours d’une façon extraordinaire. »
Les courtiers et agents membres de tout le pays se sont aussi mobilisés. S’appuyant sur l’appel à verser un don au fonds « Feux en Colombie-Britannique » de la Croix-Rouge canadienne, l’ACI et REALTORS Care® ont encouragé les membres à aider financièrement les personnes affectées par les feux en Colombie-Britannique. Cette fois-ci encore, leur soutien a été phénoménal.
Depuis le lancement de l’appel le 19 juillet, les membres ont amassé plus de 53 000 $. Certaines chambres et associations immobilières sont allées plus loin en faisant des dons additionnels par l’entremise de diverses plateformes. Ces sommes sont utilisées pour fournir une aide immédiate, notamment des lits de camp, des couvertures, la réunification des familles et de l’aide financière pour l’achat de nourriture, de vêtements et d’effets personnels. En plus de parer aux besoins immédiats, les dons serviront à long terme aux initiatives en matière de reconstruction, de résilience et de préparation.
Au milieu de ce chaos infernal, Mme Jorgensen a réussi l’impensable : elle a vendu une propriété située dans la zone du brasier.
« Quand le monsieur m’a appelée, je lui ai demandé : “Vous savez où vous appelez, n’est-ce pas? Vous savez qu’on nous a évacués?” », se souvient-elle.
Ils ont discuté le lendemain et la personne souhaitait toujours conclure la transaction.
« J’ai tout fait à partir de mon ordinateur portatif, où j’ai accès à tous les outils dont j’ai besoin pour envoyer des documents. C’est incroyable ce que la technologie nous permet de faire dans l’immobilier de nos jours », a précisé Mme Jorgensen, qui est agente immobilière depuis 30 ans.
Alors qu’elle commence à penser au processus de reconstruction, l’excitation dans sa voix s’estompe. En bruit de fond, on entend les sirènes d’un camion d’incendie qui passe pendant qu’elle reprend le fil de sa pensée. Ce son lui fait penser à ses deux fils, Tyler, 34 ans, et Mitch, 36 ans, tous deux pompiers volontaires, qui combattent les brasiers au même moment.
À son retour à 150 Mile House, Mme Jorgensen s’est dite soulagée que ses pertes se soient limitées à de la nourriture congelée qui s’est détériorée lorsque le courant a coupé pendant quelques jours.
« Durant ces trois semaines… j’avais l’estomac noué. J’écoutais les nouvelles en permanence pour rester au courant de la situation. Je ne savais même pas si mes enfants étaient en sécurité. Je savais aussi que les maisons de certains de mes clients avaient brûlé, raconte-t-elle. Mais nous allons reconstruire. Ça, c’est sûr. »